Focus sur le cycle menstruel
Le cycle menstruel féminin fait partie des indicateurs clefs de la santé de la femme. Des règles naturelles régulières (les règles sous pilule n’étant pas des règles naturelles) indiquent le bon fonctionnement du système reproductif, qui, même sans désir de grossesse, est clef dans l’équilibre féminin pour de nombreuses raisons. De nombreux facteurs peuvent affecter le système reproductif avec un impact réel au-delà du simple arrêt des règles, mais nous y reviendrons…
A une époque où nous sommes en tant que femmes de plus en plus libres de décider de notre façon de gérer notre corps, prendre réellement conscience de notre fonctionnement cyclique est aussi une façon unique de se découvrir, de faire les bons choix, de se respecter et de s’écouter.
Connaitre les phases du cycle menstruel est ainsi essentiel pour toutes celles qui cherchent à améliorer leur santé au quotidien à travers le mouvement et le sport en général ou encore la nutrition ou la gestion du stress. Ces connaissances sont aussi fondamentales pour tous les hommes qui, de par leur métier de coach ou de préparateurs ou tout simplement en tant qu’athlètes, s’entrainent avec des femmes. Si tous les hommes – et toutes les femmes ! -naissent libres et égaux en droits et en valeur, il n’en reste pas moins que nous fonctionnons différemment d’un point de vue physiologique. Ce qui est valable pour un homme ne l’est pas nécessairement pour une femme et vice versa. Il est par ailleurs important de garder en tête que la plupart des études sur le fitness ou la nutrition ont été menées en prenant en compte les réactions de corps masculins, sans considération sur la physiologie de la femme, à commencer par l’impact sur le cycle menstruel.
Le cycle menstruel se compose de plusieurs phases conditionnées par des variations hormonales, stimulant la croissance et la maturation d’un ovule. Si la durée totale d’un cycle est propre à chaque femme, elle est la plupart du temps comprise entre 23 à 35 jours.
Le premier jour du cycle correspond au premier jour des règles (phase menstruelle), celles-ci durant en général de 3 à 7 jours.
S’en suit une production de l’hormone folliculo-stimulante (FSH) fabriquée par l’hypophyse, protagoniste principale de la stimulation des ovaires en vue de la fabrication d’ovules matures. Pour cela, la FSH va stimuler le développement d’un certain nombre de follicules et la sécrétion d’œstrogène qui augmente à partir du premier jour des règles. Le follicule dominant abrite la maturation de l’ovule en même temps que la montée en œstrogène favorise l’épaississement de la muqueuse utérine en vue d’une fécondation potentiel. Cette phase est appelée la phase folliculaire.
Un pic d’hormone Lutéinisante (LH) entraine la rupture du follicule dominant et la libération de l’ovule mature voyageant jusqu’au trompes de Fallope. C’est l’ovulation.
Entre la fin de la phase folliculaire et l’ovulation, le taux élevé en oestrogène entraine la secrétion d’une glaire cervicale fertile au sein de laquelle les spermatozoïdes peuvent survivre plusieurs jours. L’observation de ces sécrétions dont la consistance est proche du blanc d’œuf est clef pour connaitre les pics de fertilité (que ce soit en vue d’une grossesse ou au contraire à des fins contraceptives). Un ovule vit jusqu’à 24h, contre 3 à 5 jours pour les spermatozoïdes. Ainsi la zone de fertilité peut courir de quelques jours avant l’ovulation à 24h après celle-ci.
L’ovulation se produit en général autour du jour 14 du cycle. Cette durée varie toutefois d’une femme à l’autre et d’un cycle à l’autre. La durée de la phase folliculaire conditionne la durée du cycle dans la mesure où c’est elle qui va varier.
A partir de l’ovulation, le follicule commence à produire une nouvelle hormone, la progestérone qui vient renforcer la muqueuse utérine et stoppant la production de LH. C’est aussi le début de la phase lutéale du nom du follicule devenu corps lutéal. Cette phase dure en moyenne 14 jours* (* une phase lutéale raccourcie est un signe de dysfonctionnement à surveiller). La progestérone augmente jusqu’au milieu de la phase lutéale avant de décroitre sans implantation d’un embryon. Pendant cette période, on peut ressentir les signes du syndromes prémenstruel (ballonements, léthargie, gonflement des seins, irritabilité…).
L'utérus n'a plus besoin de conserver le nid fabriqué pour le bébé, et votre corps se prépare alors pour un nouveau cycle en rejetant progressivement la muqueuse utérine. C’est la baisse de la progestérone de retour à ses niveaux de départ qui stimule le début des règles – et initie le début du cycle suivant.
Si l'ovocyte est fécondé et qu'il s'est implanté dans l'utérus une semaine environ après la fécondation, c’est une toute autre histoire !
En résumé, un cycle normal se déroule donc ainsi :
Suivant le premier jour des règles, également premier jour du cycle, la FSH augmente progressivement pour permettre la maturation d’un ovule.
Vers le 12ème jour du cycle (variable), l’ovule est mature et on note une forte production d’œstrogène menant à un pic de LH à la base de l’ovulation autour du 14ème jour du cycle.
Après l’ovulation, le follicule devient corps lutéal et secrète de la progestérone pour préparer au mieux l’utérus à une éventuelle grossesse.
Sans grossesse, la progestérone décroit et la paroi utérine est évacuée pour préparer le corps au cycle suivant.
Vous l’avez compris, les hormones en jeu dans tout ce processus sont clefs autant que les interactions ayant lieu au sein du corps tout au long du cycle, en particulier avec l’hypothalamus en jeu dans le système reproductif mais aussi dans les signaux de faim, de satiété, de stress mental ou physique ou encore le niveau de réserves lipidiques disponibles, indispensables à la production des hormones. La production de cortisol joue également un rôle, de même que les cellules lipidiques qui produisent les hormones
Et c’est là que le bât blesse. Un réseau complexe d’hormones interagit au sein de l’hypothalamus liant en particulier ce que l’on mange, le niveau de stress (physique et mental) et le système reproductif. Lorsque les apports nutritionnels sont suffisants, l’exercice physique et le stress régulés, le cycle menstruel fonctionne à peu de choses près comme décrit ci-dessus. Mais si un des éléments est déréglés, l’équilibre hormonal est touché et le cycle affecté. Parmi les éléments perturbateurs on retrouve en particulier :
Un taux de masse grasse faible ou ayant baissé significativement
Un apport nutritionnel insuffisant, en particulier à moyen et long terme
Une faim constante et une logique de privation à moyen et long terme
Un sommeil insuffisant en temps ou qualité
Un niveau de stress physique ou mental élevé
Un niveau d’exercice physique trop intense
Tous ces éléments étant contrôlés dans la même partie du corps (l’hypothalamus), on comprend facilement que tout déséquilibre ou excès sur le volet nutritionnel ou en termes d’exercice physique peut se traduire chez la femme en une perturbation de l’ovulation et un arrêt du cycle menstruel sur une plus ou moins longue période, autrement appelée aménorrhée hypothalamique. Avec un lot de conséquences non négligeables parmi lesquelles :
Peau sèche
Perte de cheveux
Fatigue chronique et sommeil difficile
Difficultés à prendre du temps pour soi
Hyper contrôle
Urination fréquente
Absence de libido
Fractures de fatigue
Ostéoporose
Maladies cardiaques
Démence et dégénérescence cognitive précoce
Problème de fertilité
Si votre diète ou votre entrainement impactent votre cycle menstruel, posez-vous les bonnes questions. Prêtez attention à vos cycles, à leur régularité, à leur durée comme le feriez avec tout autre indicateur de santé.
En cas de soupçon d’aménorrhée hypothalamique, pas de panique : vous pouvez rectifier le tir :) A commencer par vous documenter en lisant l’ouvrage référence de Nicola Rinaldi, No Period, Now What
Ps - si vous êtes sous pilule ou contraception hormonale, notamment depuis une longue période de temps, n’oubliez pas que vos cycles ne sont pas naturels. N’hésitez pas à tester vos cycles en arrêtant votre contraception un temps, en vous protégeant d’une autre manière bien sûr !
Pps- Si vous avez des doutes ou des questions, nous sommes également à votre disposition pour en parler.
Cet article est un résumé introductif d’un processus physiologique complexe et ne constitue en aucun cas une ressource médicale. Si vous constatez des imprécisions ou des erreurs, n’hésitez pas à nous en faire part !